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La donnée géographique aux frontières des organisations : approche socio-cognitive et systémique de son appropriation.

TitreLa donnée géographique aux frontières des organisations : approche socio-cognitive et systémique de son appropriation.
Type de publicationThesis
URLhttp://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00654203
Nouvelles publications2009
AuteursNoucher, Matthieu
Mots clésappropriation, cognition, donnée géographique, géomatique, objet-frontière, systémique
Année de publication2009
UniversityEcole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL)
Résumé

Dans le contexte actuel de diffusion rapide des technologies de l'information géographique, les outils de la géomatique ne sont plus réservés à quelques techniciens mais touchent désormais l'ensemble des acteurs du territoire (aménageurs, urbanistes, géologues, forestiers, gestionnaires de réseaux, etc.). Face à cette multiplication de systèmes d'information géographique experts et devant les besoins croissants de visions intégrées du territoire, de nombreuses initiatives partenariales voient le jour. Leurs finalités tendent à évoluer progressivement : de la diffusion de catalogues à la mise en ligne, l'échange voire l'harmonisation et la coproduction de données géographiques. On observe, ainsi, un basculement progressif des logiques de porter à connaissance vers des objectifs plus ambitieux de partage de connaissances. Dans ce contexte, la thèse vise à comprendre et analyser les enjeux de cette nouvelle géomatique interorganisationnelle. La donnée géographique est la construction d'une réalité territoriale qui reflète l'expérience et les attentes de son producteur. Par conséquent, les enjeux de sa coproduction et de son partage sont multiples. En effet, comment la donnée géographique peut-elle être à la fois un objet de négociation collective (les réseaux géomatiques inter-organisationnels se créent avant tout pour les échanger, les cataloguer, les coproduire) tout en étant objet de représentation individuelle (i.e. traduction des modèles cognitifs territoriaux de leur producteur) ? Aussi, l'objectif de la recherche est de comprendre le rôle joué véritablement par la donnée géographique dans la coopération entre les acteurs du territoire. Pour ce faire, nous avons choisi d'étudier les démarches d'appropriation des données géographiques. Elles nous permettent d'analyser comment, dans un contexte multi-acteurs, une donnée peut trouver une place et un usage au sein d'une organisation qui ne l'a pas produite. Notre questionnement nous amène à adopter une démarche qualitative, inductive et exploratoire où, selon les principes méthodologiques de la théorie ancrée, nos hypothèses de travail se construisent et se précisent au fil de la recherche. Quatre itérations ont, ainsi, permis d'effectuer des aller-retours entre observations empiriques et analyses théoriques afin d'en faire émerger progressivement différents éléments de compréhension. L'approche socio-cognitive, consolidée au fil des observations sur le terrain, étudie le rôle de la donnée géographique en tant qu'objet-frontière de réseaux d'acteurs socialement et cognitivement distribués. Le cadre unificateur qu'offre la cognition socialement distribuée permet, en particulier, de comprendre le rôle d'artefact cognitif et collaboratif que peut jouer la donnée. Huit études de cas exploratoires servent à identifier des trajectoires-types d'appropriation et les facteurs et processus socio-cognitifs qui y sont associés. Ces résultats sont prolongés par une approche systémique qui propose une vision intégrée et complémentaire des trajectoires d'appropriation. La mobilisation du méta-cadre systémique de Schwarz met en exergue l'enjeu essentiel des processus de médiation (entre acteurs et entre acteurs et données) et insiste sur le caractère émergeant des connaissances partagées que peuvent révéler des situations collaboratives. Enfin, un bilan de cette nouvelle façon d'aborder la géomatique inter-organisationnelle permet de proposer quelques leviers d'action, aussi bien au niveau des organisations (des logiques de compromis au consensus différencié), qu'au niveau des acteurs (de l'animateur au facilitateur) ou des outils (des ontologies pour standardiser aux ontologies pour négocier). Cette recherche offre, en effet, un regard différent sur la problématique du partage de données géographiques. La mobilisation d'une approche à la fois systémique et socio-cognitive permet d'envisager un nouveau rapport à la connaissance et à l'information au sein des technologies de l'information géographique. La thèse fournit ainsi des éléments de compréhension et d'intervention pour accompagner la transformation des dispositifs collaboratifs autour de l'information géographique en réseaux géomatiques apprenants, que nous qualifierons également de communautés de pratique.

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