A la mi-septembre 2010 s’est déroulée en Allemagne le première conférence européenne des utilisateurs ESRI pour la foresterie. Plus précisément, ESRI Germany a accueilli une soixantaine de convives à Kranzberg, dans les murs du Pantaleonsberg, haut lieu de l’histoire bavaroise. Cet événement s’est déroulé sur 3 jours : deux jours en salle pour des présentations, une journée sur le terrain dans les Alpes pour une démonstration in situ du système mobile développé par le service forestier de Bavière (http://www.baysf.de/).
Un contexte
En tant que leader international, la société ESRI a estimé nécessaire, après 40 ans d’expérience en matière de cartographie numérique, de créer un groupe international spécifiquement dédié à la gestion forestière : ESRI Forestry Group (http://www.esri.com/industries/forestry/community/get-connected.html).
A travers le monde, 8000 entreprises forestières utilisent la suite logicielle ESRI pour assurer un vaste panel de missions :
- Les inventaires, la gestion et la planification ;
- La cartographie, le suivi des données ;
- La gestion territoriale et l’aménagement du territoire ;
- La création des zones récréatives, le déploiement des secours ;
- La logistique des équipes terrains et de transport des bois ;
- La régulation et la mise en place de politiques ;
- …
L’objectif de cet évènement était donc de renforcer, si ce n’est créer, une communauté d’utilisateurs qui partagent leur expérience du déploiement de la géomatique pour la gestion forestière. Plus particulièrement, quels sont les choix techniques faits à travers l’Europe pour la mise en place de l’architecture d’administration : licences lourdes/serveurs SIG/Clients légers/Clients mobiles.
Des participants
En tout, 60 participants et 12 pays représentés. L’Allemagne bien sûr, mais également le Royaume-Uni, les USA, le Portugal, la Lituanie, la Lettonie, la Finlande, l’Irlande, la France, les Pays-Bas…et aussi des représentants brésiliens et kenyans !
Hormis des chercheurs et des membres d’ESRI (dont Peter Eredics), les organismes présents étaient surtout privés. Ainsi, il y avait la Commission Forestière du Royaume-Uni cernée par Coillte, Conterra, Lenné3D, Poyry, Zebris, Creaso, la SFCDC, BaySF ou encore RapidEye.
Des thématiques et des outils
Différentes thématiques liées à la foresterie ont été abordées, sous la forme d’outils déployés ou en cours de déploiement.
La logistique
Il s’agissait de présenter les réalisations essentiellement centrées sur le transport logistique en vue d’améliorer les performances de la chaîne d’approvisionnement.
Ont été présentés les projets suivants :
- WASP : Wood logistics with Application Server Providing de la société Poyry
- WaldInfoPlan développé par Genowald/ESRI/Zebris/VfS
Ces systèmes centralisent les données issues des collectes sur le terrain (GPS) et réalisés par les ouvriers forestiers dès création de la pile « bord de route ». Elles sont ensuite traitées par les acheteurs via une interface cartographique Web et sont redistribuées aux transporteurs en fonction de leur proximité. Les données sont directement visibles dans le camion grâce à des Pad avec la totalité des données nécessaires : volume, essence, chemin d’accès…
La gouvernance
Ou comment combiner les nécessités de production forestière avec les autres utilisations de l’espace ? La forêt a une valeur paysagère, sentimentale, et pécuniaire. Elle s’inscrit dans une chaîne de traitement des produits du bois et concerne un grand nombre d’utilisateurs qui différent selon les pays et l’ancienneté de la gestion.
Ainsi, Coillte a développé une interface cartographique Web sur laquelle la population peut intervenir et donner son avis sur les plans de gestion à long terme. Une sorte d’enquête publique ! A titre d’information, elle fut la première société à implanter les produits ESRI en Europe et utilise une VM-Ware Citrix pour permettre à 350 personnes de se connecter en différents points d’Irlande.
Inflor est une société brésilienne qui a présenté un système complet de gouvernance liée à l’utilisation du sol pour les usages forestiers. Ce système très complet permet de voir le mode de gestion de ses forêts, d’en faire l’inventaire, de gérer les actifs et les servitudes, de contrôler l’occupation du sol, de mettre au point la logistique et de faire de l’analyse spatiale.
L’implémentation de la donnée forestière
Le système FoBIS (Forest Basis Information System), développé par la société Con-Terra (filiale d’ESRI) est né en 2006. C’est un système d’information géographique forestier qui a comme principal intérêt d’avoir harmonisé 7 niveaux de gestion différents répartis entre 16 agences forestières d’Etat.
Les données spatiales des services cartographiques forestiers ont été réparties dans des modèles communs de géodatabase, permettant ainsi le partage et la mutualisation de données. FoBIS s’articule autour du client lourd ArcGIS Desktop pour les traitements lourds et d’un client léger web développé sur ArcGIS Server pour la consultation et la mise à jour simple de bases de données.
Comparable au système FOBIS, le système développé par BaySF (Bavarian State Forest Service) est cependant plus complet. Il présente l’intérêt d’être largement axé sur l’utilisation de clients mobiles.
BaySF, c’est 550 forestiers sur le terrain tous les jours. Ces personnels n’étant pas des cartographes il était impératif de développer un système simple qui allie cartographie numérique et déplacement quotidien. Les avantages de la mobilité sont d’avoir accès in situ à des cartes à jour, de capturer et de valider les données directement sur le terrain, de sauvegarder simplement les données collectées via une synchronisation par Internet. Ces outils ont été développés à partir d’ArcGIS Mobile.
Ces solutions mobiles couplées à un client léger (Web) sont utilisées pour le suivi cynégétique, le relevé des zones infestées par les ravageurs, la localisation des piles « bord de route ». Les développeurs ont mis l’accent sur une interface simple et conviviale, facteur évident d’appropriation par les équipes de terrain.
Le traitement d’images
ITT a développé une nouvelle version du logicielle ENVI spécifiquement adaptée pour fonctionner de paire avec ArcGIS : ENVI EX. L’interface est identique, l’interaction se fait directement, et certains traitements peuvent être lancés directement depuis la barre d’outil d’ArcGIS. Cette dernière version a été présentée par l’entreprise CREASO, filiale du groupe ITT VIS.
Cette nouvelle mouture permet l’accès à 27 indices de végétation, utiles à la représentation des zones incendiées, des grands types de peuplements ou de la santé des forêts…et tant d’autres.
Lenné 3D utilise des outils permettant la visualisation tridimensionnelle de l’environnement. Cela constitue une réelle base de discussion entre tous les acteurs. L’impact visuel des projets paysagers, intégrant notamment des reboisements, peut être facilement appréhendé.
De fait, il est possible d’obtenir un résultat en 3D d’une politique de gestion forestière à long terme. Toutes les données issues d’un SIG, comme les shape ArcGIS, peuvent être pris en compte.
Conclusion
La géomatique a largement sa place dans la gestion forestière depuis plusieurs années déjà. Les technologies Web ont permis la création d’outil à très grand potentiel de déploiement, impliquant une optimisation de la gestion et par extension un gain de temps donc de coûts.
Un modèle général de SIG forestier basé sur ESRI se dessine :
Cette architecture doit encore être éprouvée, et les défis de demain pour le gestion forestière durable ne manqueront pas de la solliciter : changement climatique, bio-carburants, restauration de la biodiversité…etc.
François-Nicolas ROBINNE
Chargé d’études en Géomatique pour la Société Forestière de la CDC.
Site officiel : ESRI Forestry Group
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